La première de ces conférences porte sur le climat, un nouveau défi pour la protection sociale. Anneliese Depoux, Directrice du Centre Virchow-Villermé de Santé Publique Paris-Berlin de l’Université Paris Cité confirme les effets sur la santé du réchauffement climatique par des effets directs (tempêtes, incendies, sécheresses) et indirects (qualité de l’air dégradée, baisse des ressources en eau, etc.). Pour Cédric Audenis, commissaire général adjoint de France Stratégie, « une approche globale est nécessaire pour porter des actions de co-bénéfices qui allient santé et sobriété. » Ils peuvent passer par la diminution de l’alimentation carnée et une mobilité plus active, relève Anneliese Depoux, ou encore l’isolation de passoires thermiques, indique Cédric Audenis. Sylvie Ben Jaber, Présidente de la Mutuelle familiale et administratrice de la Mutualité française plaide en faveur du « dispositif le plus solidaire, la Sécurité sociale universelle de haut niveau intégrant l’enjeu des politiques publiques de prévention. »
Cédric Audenis
La deuxième conférence inspirante sur la transition démographique, comment réinventer un pacte générationnel ? s’ouvre par le constat d’Arnaud Zegierman, directeur de Viavoice, d’une jeunesse disparate marquée néanmoins par un individualisme subi, la sensation d’hériter de nombreuses crises et une crispation autour des inégalités. « Pour que les jeunes viennent davantage vers la Mutualité dont ils partagent les valeurs, il faut modifier le jargon trop souvent utilisé », estime-t-il. Melissa-Asli Petit, dirigeante de Mixing génération, insiste sur la nécessité de sortir d’une vision linéaire du parcours professionnel : « Les jeunes recherchent plus de liberté dans l’emploi, ce qui demande un accompagnement dans les parcours de vie. » De son côté, Eric Jeanneau, membre du conseil d’administration de la FNMF et président de l’Union mutualiste retraite (UMR), souligne la difficulté d’identifier les jeunes seniors comme tels, la nécessité de s’ouvrir à des collectifs moins institués, d’être à l’écoute de toutes les générations et d’inventer des solutions concrètes sur le terrain pour faciliter leurs rencontres entre elles.
Melissa-Asli Petit
La question Patients et assurés, une relation transformée par le numérique ? se trouve au cœur de la troisième conférence inspirante du Congrès. En oncologie, le numérique fait déjà partie des recommandations mondiales, explique Fabrice Denis, président de l’Institut National de la e-Santé : « La télésurveillance de patients suivis pour des effets secondaires ou des récidives améliore la qualité et le temps de vie. Les consultations sont plus performantes parce que le médecin dispose des saisies réalisées par le patient, acteur de sa prise en charge. » Des applications permettent de dépister l’autisme en moyenne cinq ans plus tôt ou de détecter, dès 40 ans, des fragilités afin de les corriger. Pauline d’Orgeval, Présidente de Deuxième avis en détaille les atouts pour les patients : « Ce dispositif de transfert du dossier médical pour avoir l’avis de médecins experts de la pathologie diminue les inégalités géographiques. Confirmation du traitement ou alternative à une opération, le taux de divergence est de 25 %. Le délai de diagnostic diminue, comme pour l’endométriose dont l’interprétation de l’IRM ne peut être réalisée que par des spécialistes. » Les mutuelles jouent un rôle de soutien aux innovations, mais aussi de réduction de la fracture numérique, relève Nicolas Gomart, vice-président de la Mutualité française et directeur général Matmut.
Nicolas Gomart
La quatrième et dernière conférence inspirante se concentre sur un nouveau mode d’entreprendre mutualiste pour une protection durable. Patrick Brothier, vice-président de la Mutualité française et président d’AÉSIO mutuelle, souligne la spécificité des mutuelles dans la réflexion sur l’empreinte carbone : « En tant qu’investisseurs, nous avons une responsabilité singulière. Notre chance est d’être ancré dans les territoires, ce qui nous donne une capacité d’agir, en particulier dans le domaine de la prévention. » La structure même des mutuelles leur permet de répondre aux nouveaux enjeux, selon Caroline Neyron, directrice générale du Mouvement Impact France : « Nous répondons à des besoins plutôt qu’en créer. L’entreprise est un moyen plutôt qu’une fin. Harmonie mutuelle se donne par exemple pour mission d’augmenter l’âge de vie en bonne santé. » 75 % des Français expriment de la méfiance envers les entreprises engagées, craignant une stratégie marketing. « Il faut par conséquent vivre et démontrer nos engagements », soutient Delphine Maisonneuve, directrice générale du Groupe VYV.
Caroline Neyron
Auteur : Corinne Renou-Nativel