Santé mentale
Désignée Grande cause nationale en 2025, la santé mentale fait partie intégrante de la santé : il n’y a pas de santé sans santé mentale. Si la crise sanitaire a amorcé une prise de conscience au sein de la population, les troubles mentaux et comportementaux font encore l’objet de nombreux préjugés et de longues errances diagnostiques. L’augmentation des gestes suicidaires et des troubles dépressifs et anxieux, en particulier chez les jeunes, doit nous interroger sur les carences de notre système en matière de prévention et de prise en charge de ces troubles. Investie de longue date sur ces sujets, la Mutualité Française invite à changer de regard sur la santé mentale et repenser l’organisation des soins.
Santé mentale, de quoi parle-t-on ?
L’Organisation mondiale de la santé définit la santé mentale comme « un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté ».
La santé mentale intègre trois dimensions : la santé mentale positive (bien-être, épanouissement personnel, ressources psychologiques et capacités d’agir au quotidien), la détresse psychologique réactionnelle face aux accidents de la vie et situations éprouvantes, qui peut être transitoire et n’est pas forcément révélatrice d’un trouble mental, et les troubles psychiatriques de durée variable.
Par « troubles mentaux », l’OMS désigne l’ensemble des troubles mentaux et du comportement répertoriés dans la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes (la dernière version étant la CIM-11) : troubles dépressifs, troubles anxieux, troubles psychotiques (dont la schizophrénie), troubles bipolaires, troubles liés à la consommation de substances, démence, autisme…
Prévalence des troubles psychiques chez les moins de 18 ans en France (14,4 % chez les 5-17 ans).
13 millions de Français sont touchés chaque année par un problème psychique.
Taux de suicide en France pour 100 000 habitants. C’est l’un des plus élevés parmi les pays européens de développement comparable.
Sources : OMS (2021) ; IHME, Université de Washington, Global Burden of Disease 2019 (cité dans le rapport de mars 2023 de la Cour des comptes) ; Eurostat, Décès dus au suicide (données 2022)
Développer une culture de la santé mentale pour améliorer la détection des troubles
Les troubles mentaux sont encore mal connus en France, et souvent diagnostiqués tardivement, plusieurs années après les premiers symptômes. Pourtant, leur prévalence augmente, en particulier chez les jeunes, avec une hausse des recours aux soins d’urgence pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires, ainsi qu’une augmentation des cas de dépression et des symptômes anxio-dépressifs sévères. Elle progresse également chez les personnes âgées, en lien avec l’isolement, la dépression et l’expansion de la maladie d’Alzheimer due au vieillissement de la population. La détresse psychique a des répercussions sur toutes les sphères de la société, de l’école au travail, en passant par la vie sociale et familiale.
La Mutualité Française insiste sur l’importance de la prévention auprès du grand public — et notamment des jeunes — pour déstigmatiser les troubles mentaux et aider les proches à identifier les signes de mal-être. Elle propose de développer des actions de sensibilisation et de communication, par exemple en formant les citoyens aux premiers gestes de secours en santé mentale.
Les premiers signes de troubles psychiques apparaissent souvent au cours de l’enfance et de l’adolescence. La Mutualité Française propose d’organiser un dépistage précoce des troubles psychiques chez les enfants et les adolescents en renforçant les services de médecine préventive et de promotion de la santé.
En complément, elle invite à renforcer les compétences psychosociales (régulation des émotions, gestion du stress et des conflits…), en menant des actions auprès des jeunes, mais aussi des professionnels des missions locales et de la petite enfance, pour qu’ils puissent les intégrer dans leur pratique.
Réorganiser le parcours de prise en charge et l’accès aux soins psys
La complexité et le cloisonnement de l’offre de prise en charge en santé mentale entravent l’accès aux soins, de façon criante pour les personnes les plus fragiles. Alors que la France bénéficie de l’une des densités de psychiatres parmi les plus élevées d’Europe, l’accès à ces spécialistes est très inégal selon les régions. La situation des pédopsychiatres est particulièrement critique, avec des effectifs en baisse constante depuis 2012.
La Mutualité Française souhaite favoriser l’émergence de nouveaux métiers et la coopération entre les professionnels, sur le modèle des « soins collaboratifs » de type Sésame actuellement expérimentés en région francilienne ou à l’étranger (un médecin généraliste, un infirmier, des psychologues ou un psychiatre référent). Elle propose, par exemple, de former des infirmiers en pratique avancée en psychiatrie et santé mentale ou de recruter des pairs-aidants — des personnes ayant vécu des expériences similaires — pour accompagner les patients atteints de troubles psychiques.
Elle milite pour une gradation et une coordination des soins, adaptées à la sévérité des troubles du patient, qui doivent aussi permettre d’améliorer la pertinence de la prescription des psychotropes :
- Premier niveau (troubles légers à modérés) : soins primaires dispensés par le médecin traitant, en coordination avec un psychologue et/ou un infirmier en pratique avancée en santé mentale.
- Deuxième niveau (troubles plus sévères) : orientation vers une prise en charge psychiatrique de ville, dans le cadre d’un accompagnement pluriprofessionnel.
- Troisième niveau (troubles sévères) : prise en charge en ambulatoire, en hôpital de jour ou hospitalisation complète, selon les besoins du patient.
Pour mieux comprendre les spécificités du système de santé mentale français, l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes) a publié la série de courts podcasts « La santé mentale, grande cause nationale 2025, quels défis pour le système de santé ? ».
Soutenir financièrement la transformation de la prise en charge des troubles mentaux
La santé mentale (maladies psychiatriques et traitements psychotropes) représente le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie, devant les cancers ou les maladies cardiovasculaires[1]. Le reste à charge pour les séjours psychiatriques demeure toutefois élevé pour les patients, du fait d’hospitalisations souvent longues.
L’évolution de l’initiative Mon soutien psy en 2024 et le déploiement progressif du dispositif Roc (remboursement des organismes complémentaires) dans les établissements psychiatriques constituent des avancées positives pour réduire les inégalités financières d’accès aux soins. L’amélioration de la prise en charge des patients passe toutefois par une transformation plus profonde. La Mutualité Française préconise d’allouer les dépenses à la rénovation d’une partie des hôpitaux et structures psychiatriques ou médico-sociales et à la formation de nouveaux professionnels de santé.
Pour aller plus loin
La Mutualité Française plaide pour…
- La déstigmatisation des troubles mentaux, en améliorant les connaissances des citoyens à ce sujet.
- La mise en place d’une prise en charge graduelle, à partir du médecin traitant vers des accompagnements plus spécialisés.
- La réorientation des dépenses en santé mentale vers cette transformation de la prise en charge.
[1] Assurance Maladie, Dépenses remboursées affectées à chaque pathologie en 2022.