Grand âge et autonomie
Notre système de santé et de protection sociale n’est pas à la hauteur, à ce jour, des défis liés au vieillissement de la population et à la transition épidémiologique associée. Les mutuelles couvrent 70 % des plus de 70 ans et gèrent plus de 532 établissements et services médico-sociaux pour l’accueil des personnes âgées, dont 243 Ehpad. Force de proposition sur le grand âge et l’autonomie, la Mutualité Française appelle à l’adoption d’une loi de programmation ambitieuse sur le sujet, capable de répondre aux attentes fortes du secteur et des citoyens.
de personnes âgées en situation de perte d’autonomie aujourd’hui. Et près d’un million de personnes supplémentaires attendues à l’horizon 2040.
d’espérance de vie sans incapacité à partir de 65 ans pour les femmes, 10,5 ans pour les hommes.
Coût mensuel médian d’une place en Ehpad.
de proches aidants, dont 500 000 mineurs.
Sources : Igas, Dépendance et lieux de vie (mars 2024) ; Drees, Études et résultats n°1323 (données 2023) ; Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, Les prix en Ehpad en 2019 ; Drees, Études et résultats n°1255 (données 2021).
Offrir une liberté de choix le plus longtemps possible
En France, 4 personnes âgées en perte d’autonomie sur 10 vivent dans un Ehpad[1]. Une spécificité nationale par rapport à la plupart de nos voisins européens, où le taux de maintien à domicile est plus important. La Mutualité Française considère que toute personne doit pouvoir exercer sa liberté de choix le plus longtemps possible, en restant chez elle si elle le souhaite, grâce à un accompagnement adapté à son degré d’autonomie.
Elle propose de redéfinir la place et le rôle des Ehpad, en les intégrant au parcours de soins et en élargissant leurs missions auprès de nos aînés (consultations gériatriques, solution transitoire de sortie d’hospitalisation…). Une mesure qui contribue à désengorger les hôpitaux, tout en réduisant le risque d’aggravation de la perte d’autonomie à la suite d’une hospitalisation.
Les Ehpad doivent devenir, en parallèle, le point d’ancrage d’un dispositif renforcé d’accompagnement à domicile, en synergie avec les services de soins infirmiers à domicile (Ssiad) déjà existants sur le territoire. Les personnes dépendantes pourraient ainsi bénéficier d’une gamme de services modulable à domicile, selon leurs besoins : équipes mobiles, solutions d’aide au répit pour les aidants, aide aux démarches administratives…
La loi Bien Vieillir du 8 avril 2024 amorce cette volonté de coopération, en instituant les « groupements territoriaux de coopération sociaux et médico-sociaux » (GTSMS).
Préserver le capital autonomie et la qualité de vie des personnes âgées
Les chutes sont l’un des premiers facteurs de perte d’autonomie. La réduction de ce risque passe par l’aménagement du logement des personnes âgées et l’utilisation de technologies connectées : rampes et barres d’appui pour éviter les chutes, cuisine et salle de bain adaptées, bracelet connecté, domotique… La Mutualité Française innove sur ces questions centrales pour l’autonomie et la qualité de vie, à travers plusieurs projets liés à l’habitat inclusif.
Ces initiatives doivent toutefois aller de pair avec la revalorisation des métiers d’accompagnement et la mise en place des réseaux de proximité afin de repérer les fragilités. Elles doivent également s’accompagner d’une meilleure coordination et évaluation des actions de prévention partout en France.
Reconnaître le rôle des aidants et les soutenir
Les proches aidants assument une part importante de l’accompagnement, notamment en ce qui concerne l’organisation du parcours de prise en charge de la personne dépendante. Pour un aidant sur deux, ce rôle est mené de front avec une vie professionnelle, un chiffre qui va continuer à croître dans les prochaines années.
La Mutualité Française propose de soutenir davantage ces aidants actifs, en leur apportant une aide dans leurs démarches (recherche d’aides financières, de services à domicile, formations et actions de prévention…) et des solutions de répit et d’entraide.
Réduire le reste à charge et faire appel à la responsabilité collective
Le reste à charge en Ehpad est l’un des plus élevés d’Europe. Il peut atteindre 2 000 euros par mois pour les dépendances les plus lourdes (Gir 1 et 2).
La Mutualité Française estime que la perte d’autonomie — une situation qui nous concernera toutes et tous — doit être prise en charge par la solidarité nationale. Les financements publics doivent être renforcés pour supporter l’augmentation des besoins, revaloriser les métiers de la filière et diminuer les restes à charge assumés par les familles. Les tarifs des Ehpad doivent être plafonnés et adaptés aux ressources des personnes âgées.
Elle propose également de mutualiser la couverture dépendance à l’ensemble de la population en l’adossant à la complémentaire santé, afin de percevoir une rente allant jusqu’à 500 euros par mois en cas de perte d’autonomie.
2e baromètre santé-social – Communes et mutuelles engagées pour répondre aux attentes des Français (novembre 2023)
La Mutualité Française plaide pour…
- Une nouvelle place pour les Ehpad au sein du parcours de soins et de la société.
- Le maintien à domicile pour les personnes qui le souhaitent et le renforcement de la prévention.
- Une prise en charge collective de la perte d’autonomie.