Pouvez-vous présenter le dispositif Pass’Mirail ?
Dans ce lieu d’accueil ouvert en février 2016, nous recevons des jeunes de 18 à 25 ans souffrant de troubles psychologiques. Pass’Mirail est le fruit d’une réflexion partagée par quatre organismes du secteur de la santé mentale : la MGEN, la Société d’Hygiène Mentale d’Aquitaine, l’Association Rénovation et le centre de soins psychiatriques Montalier. Nous avons fait le constat que nous avions du mal à garder les jeunes dans nos établissements de soins, en particulier entre 18 et 20 ans. Nous avons donc créé un appartement convivial en plein centre de Bordeaux, qui permet aux jeunes de se sentir plus à l’aise que dans un établissement de soins.
Nous accueillons principalement des jeunes qui ne sont plus pris en charge sur le plan psychologique. Nous avons choisi de nous concentrer sur cette tranche d’âge car il est difficile pour eux de rester dans le système de soins. Il s’agit essentiellement de jeunes qui ne veulent pas être hospitalisés ou bien de jeunes perdus qui ne savent plus vers quel soin se tourner, parfois retrouvés dans la rue.
Notre équipe est composée de 14 professionnels de santé, notamment des psychiatres, psychologues, psychomotriciens ainsi que des éducateurs et animateurs.

Comment se passe l’accueil dans l'appartement ?
Notre but est d’accueillir les jeunes dans les meilleures conditions en tissant un lien de confiance. Il n’y a aucun critère d’admission, l’accueil est informel et gratuit. Lorsqu’un jeune arrive à l’appartement, nous n’imposons aucune procédure d’admission, ce qui permet de rendre les visites anonymes et facilite la venue des jeunes. Durant l’année 2024, nous avons ainsi accueilli 150 jeunes à Pass’Mirail. Nous recevons également les jeunes en groupe. Nous leur demandons de se présenter seulement par leur prénom, sans préciser leur situation ou leur état psychique. Les soignants font de même, indépendamment de leur profession. Plus on reste flou, plus les jeunes arrivent à se présenter de façon authentique.
Si notre accueil se fait principalement en groupe, il est toujours possible d’échanger avec un psychologue ou un psychiatre de façon individuelle. Depuis un an, nous sommes d’ailleurs très sollicités pour des consultations individuelles, en raison de la pénurie de psychiatres. Il y a un manque criant de places dans les établissements de soins.

Comment se déroule une journée type à Pass’Mirail ?
L’organisation de l’équipe change chaque jour mais il y a toujours quatre professionnels qui viennent systématiquement les mêmes jours de la semaine. Nous organisons un roulement entre les professionnels de santé pour éviter un trop grand rapprochement entre les jeunes et les soignants. Chaque journée est différente puisqu’elles varient en fonction du nombre de jeunes qui se présentent. Nous adaptons quotidiennement nos activités en conséquence.
Nous organisons deux activités médiatrices par semaine. Le mercredi, le repas partagé, que l’on appelle « Pot’Luck ». Cet atelier invite chaque jeune à apporter quelque chose de chez lui, pour préparer un repas ensemble.
Le vendredi après-midi, nous réalisons un jeu musical. Il peut prendre différentes formes, soit celle d’un jeu avec des instruments, soit celle d’une écoute musicale. L’art fait partie intégrante du dispositif notamment à travers la peinture ou bien le dessin. Nous réalisons également de nombreuses sorties culturelles ou des activités sportives.

Avez-vous d’autres projets pour Pass’Mirail ?
Nous avons un projet de partenariat avec une association qui propose une médiation grâce au numérique. Un partenariat avec de jeunes réalisateurs et acteurs a débuté en mai. L’idée est de créer des interviews et des podcasts avec eux sur le sujet de la santé mentale.
Par ailleurs, nous avons développé un partenariat avec la Frac MÉCA, l’organisme culturel de Bordeaux. Il nous propose des ateliers pour développer l’expression culturelle et artistique des jeunes.
Nous recevons de plus en plus de demandes extérieures pour intervenir dans des établissements scolaires pour animer des ateliers de prévention.
En avril, nous nous sommes déplacés dans un institut d’aérospatiale, l’école Elisa située près de Bordeaux pour réaliser une permanence d’écoute psychologique.
