Dépenses de santé : pourquoi la pression augmente sur les mutuelles... et sur les assurés
Vieillissement de la population, essor des maladies chroniques, innovations médicales : ces facteurs structurels expliquent une hausse moyenne des dépenses de santé de 1,8 % par an entre 2013 et 2020, accélérée depuis la crise sanitaire à plus de 4 % par an. En cinq ans, les dépenses ont ainsi bondi de 22 % mais la hausse est continue depuis quinze ans, déplore la Mutualité Française dans un communiqué de presse publié le 16 décembre 2025.
Invité sur RTL mardi 16 décembre, Eric Chenut, président de la Mutualité Française s’inquiète d’un certain « déni collectif ». « Nos dépenses de santé augmentent de plus de 4% par an alors que la richesse nationale évolue de 1% par an, ce qui fait que notre effort pour se soigner est plus important et il va l’être encore plus si on ne s’attaque pas à la régulation des dépenses de santé », a-t-il expliqué.
Depuis quinze ans, les dépenses de santé augmentent continuellement de façon structurelle. «Après une hausse moyenne de 1,8% par an entre 2013 et 2020, l’augmentation s’intensifie depuis 2020 : +4,4% par an, soit + 22% en 5 ans », fustige la Mutualité Française dans un communiqué de presse qui dénonce également de nouvelles taxations.
Une taxation injuste et inefficace
Au-delà de l’augmentation des dépenses de santé liées aux mutations profondes de notre société (vieillissement de la population, accès à de nouveaux traitements, meilleure reconnaissance des métiers de santé), le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 demande aux complémentaires des efforts supplémentaires. Le texte, tel qu’il devrait être adopté, prévoit de faire supporter aux complémentaires santé un nouveau transfert de 400 millions d’euros sur le champ hospitalier et de 600 millions d’euros sur les indemnités journalières.
A cela s’ajoute une nouvelle taxe d’un milliard d’euros, sur les contrats de complémentaire santé. Cette taxe, dénoncée par le Mouvement mutualiste, avait été rejetée par les députés en première lecture, avant d’être réintégrée dans le PLFSS. Si ces décisions sont prises au nom de l’équilibre des comptes publics, leur impact est bien réel pour les mutuelles et les assurés.
Des cotisations proportionnelles aux dépenses
Contrairement à la Sécurité sociale, les mutuelles ne peuvent pas s’endetter. Gouvernées par des élus et soumises à des règles prudentielles strictes, elles ajustent leurs cotisations au plus près des dépenses à couvrir. Le 11 décembre dernier, sur Franceinfo, Eric Chenut expliquait : « Nos cotisations évoluent à proportion des dépenses de santé : depuis 2019, elles ont augmenté de près de 75 milliards d’euros. » Entre 2011 et 2024, l’écart entre l’évolution des cotisations et celle des prestations versées par les mutuelles est d’ailleurs resté très limité, soit seulement 0,3%.

Mais, parce que les dépenses resteront dynamiques en 2026, les cotisations augmenteront encore l’année prochaine en moyenne de 4,3% pour les contrats individuels et de 4,7% pour les contrats collectifs.
Parallèlement, les prestations de santé et remboursements versées par les mutuelles augmentent. Cela s’explique par l’augmentation du coût des soins et par les nouvelles prestations que les mutuelles doivent couvrir. Par exemple, les soins dentaires, auditifs et optiques ont vu leurs remboursements croître, du fait notamment de la réforme du 100% Santé qui permet la prise en charge améliorée de certains équipements et soins.
Un nouveau modèle à construire ensemble
Pour la Mutualité Française, cette trajectoire n’est pas une fatalité. « Nous avons un système qui est profondément solidaire et redistributif. C’est pour cela qu’il faut en prendre soin », prévient son président Eric Chenut. Agir sur l’efficience du système de santé, renforcer la prévention, lutter contre la fraude et réduire les actes inutiles sont des leviers essentiels. À l’heure des 80 ans de la Sécurité sociale, elle appelle citoyens et professionnels à débattre du modèle de santé de demain, dans le cadre des États généraux de la santé et de la protection sociale.
Retrouvez le communiqué de presse ici : Dépenses de santé en hausse constante et nouvelle taxe : des contraintes fortes pour les mutuelles… et leurs adhérents – Mutualité Française
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