Prévention du suicide : la Bretagne agit pour les jeunes
À l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, le 10 septembre, focus sur la Mutualité Française Bretagne avec Perrine Le Bouffant, chargée de prévention et formatrice aux Premiers secours en santé mentale (PSSM). Elle revient sur le rôle des collectifs bretons, les actions mises en place et les perspectives autour de la santé mentale, principalement chez les jeunes.

La Mutualité Française Bretagne réalise depuis 25 ans de nombreuses actions de prévention du suicide. Ces actions ont débuté à la demande de l’Agence régionale de santé (ARS) qui souhaitait comprendre pourquoi le nombre de suicides était plus important en Bretagne.
Comment s’organisent vos actions de prévention ?

Aujourd’hui, nous avons cinq collectifs répartis sur différents territoires : le pays de Saint-Brieuc, Dinan Agglomération, le pays de Ploërmel, le pays de Cornouailles dans le sud Finistère autour de Quimper, et le Centre Bretagne qui englobe Loudéac et Pontivy. Ces collectifs rassemblent des professionnels de santé, des élus et des bénévoles qui œuvrent ensemble pour la prévention du suicide. Nous fonctionnons grâce à un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens avec l’ARS, complété par un financement de la Mutualité Française.
Les collectifs organisent chaque année une action grand public pour lever le tabou du suicide et ouvrir un espace d’échanges, ainsi qu’une action destinée aux professionnels de santé, élus et bénévoles pour enrichir leurs connaissances. Nous proposons aussi des formations à l’évaluation et à l’orientation de la crise suicidaire pour les professionnels de santé. Par ailleurs, nous créons des plaquettes diffusées au grand public, qui rappellent des informations sur la crise suicidaire et listent les contacts utiles. Les thématiques abordées varient selon les besoins exprimés au sein des territoires : elles peuvent concerner les agriculteurs, les personnes âgées, la souffrance au travail ou encore la jeunesse.
Quelles actions concrètes menez-vous auprès des jeunes ?
Cette année, beaucoup de collectifs ont choisi de travailler sur la prévention du suicide des jeunes, dans la mesure où il existe une véritable inquiétude à ce sujet. Sur le pays de Saint-Brieuc, par exemple, nous organisons un après-midi destiné aux professionnels de santé, élus et bénévoles avec une conférence animée par un sociologue, suivie d’un forum réunissant les acteurs de la santé, de l’éducation et de la jeunesse. Autre événement : une soirée grand public avec la diffusion d’un documentaire et un échange avec des professionnels de la jeunesse et de la psychiatrie. L’objectif est de favoriser le dialogue entre acteurs car plus ils se connaissent, mieux ils orientent les personnes en souffrance.
En parallèle, nous avons lancé l’initiative « La santé mentale, on en parle ? ». Initiée en 2023, elle s’adresse à des jeunes en voie de professionnalisation dans les missions locales, les lycées professionnels de santé, les chambres des métiers, les maisons familiales et rurales, ainsi qu’aux jeunes suivis par la protection de l’enfance. Concrètement, nous intervenons auprès de groupes de 15 à 20 jeunes pour une sensibilisation de deux heures sur la santé mentale. Nous leur expliquons comment elle fonctionne, comment la préserver et ce qui peut l’impacter. Ensuite, nous proposons des ateliers d’une heure en petits groupes, animés par un sophrologue, un diététicien, un psychologue ou un professeur en activité physique adaptée.
Entre 2023 et 2024, nous avons touché 144 participants. En 2025, nous en sommes déjà à près de 150. Nous recevons de nombreuses demandes. Les retours sont très positifs : 75 % des participants déclarent se sentir plus à l’aise pour parler de santé mentale et 90 % se disent satisfaits de l’animation.
Vous avez travaillé sur le rapport du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) de Bretagne. Quelles perspectives en découlent ?
En 2022, le Ceser de la région Bretagne a publié un rapport intitulé « Il faut toute une région pour favoriser le bien-être des jeunes en Bretagne », corédigé par notre présidente Fabienne Colas. Nous avons souhaité le rendre accessible au plus grand nombre. Nous avons donc travaillé avec l’école Lisa de Rennes et le collectif d’illustrateurs La Vilaine pour créer une exposition sur la santé mentale des jeunes, en illustration des propositions du rapport.
L’exposition circule dans des médiathèques, des mairies, des maisons de l’agglomération, mais aussi dans des structures jeunesse comme les missions locales, les chambres des métiers et de l’artisanat, les maisons des adolescents, les Points accueil et écoute des jeunes (PAEJ) ou les Maisons familiales rurales (MFR). Cette exposition appartient à la Mutualité française Bretagne mais peut être empruntée gratuitement. Certaines structures se contentent de l’exposer, tandis que d’autres l’accompagnent d’une action comme « La santé mentale, on en parle ? » afin de créer un temps fort autour de la santé mentale, parfois sur une ou deux semaines.
Elle sert également de support pour organiser des temps de réflexion avec les professionnels de santé, élus et bénévoles, autour de la jeunesse et des recommandations du rapport. Le but est d’imaginer ensemble comment ces préconisations peuvent être mises en œuvre sur le terrain.
Enfin, à l’automne prochain, nous déploierons des sessions spécifiques pour les jeunes qui souhaitent participer aux formations de Premiers secours en santé mentale (PSSM).
Les jeunes sont massivement touchés par les problèmes de santé mentale : 25% d’entre eux sont atteints de dépression, révèle une enquête publiée le 2 septembre 2025 par la Mutualité Française, avec les Instituts Montaigne et Terram. Cette étude dresse un état des lieux qui met notamment en lumière des inégalités entre les jeunes et des difficultés d’accès aux soins.
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