La Mutualité Française présente aux Assises nationales des EHPAD

Le président de la Mutualité Française, Eric Chenut, s’est exprimé aux Assises nationales des EHPAD qui se sont tenues les 12 et 13 septembre à la Maison de la Mutualité, à Paris. L’occasion de revenir sur les problématiques du secteur (droit de visite, médiation avec les familles, gestion et développement des établissements) et les innovations mises en œuvre dans le secteur.

Ces deux journées se sont ouvertes par une séance inaugurale sur le thème « Vieillir en France en 2023 ». Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, faisait face à quatre personnalités du secteur : Éric Chenut, président de la Mutualité Française, Arnaud Robinet, président de la Fédération Hospitalière de France, Sophie Boissard, directrice générale de Clariane, et Luc Carnouvas, président de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas). Ensemble, ils ont fait le constat des difficultés des Ehpad après le choc de la pandémie : l’inflation a mis à mal leur modèle économique ; le nombre de soignants formés ne suffit pas à répondre à des besoins en hausse ; les attentes des résidents et de leurs proches évoluent.
« La société n’est pas du tout adaptée pour faire face au vieillissement de la population, a expliqué Eric Chenut en introduction de son intervention.

« La prévention de la perte d’autonomie est un sujet absolument crucial. C’est une culture de santé publique qu’il nous faut engager depuis l’enfance et l’adolescence, avec une vigilance particulière sur la santé au travail où la France investit un tiers de moyens en moins que des pays européens équivalents. » a souligné Eric Chenut.


Crédit : Mathieu Delmestre 

Le Président de la Mutualité Française est revenu également sur les difficultés de recrutement des personnels d’EHPAD. « La transition démographique va s’accélérer dans les prochaines décennies, étoffant la demande. Etablir les organigrammes des équipes de soins sera encore plus compliqué demain si on ne forme pas dès aujourd’hui davantage d’infirmières, d’aides-soignantes, d’auxiliaires de vie et autres professionnels. La formation par alternance et apprentissage, ainsi que le renforcement de l’attractivité par la rémunération sont des leviers à mobiliser ». Le Président de la Mutualité Française soutient également l’égalité de traitement entre le secteur public et privé non lucratif, notamment en ce qui concerne les salaires des professionnels.
L’occasion également d’aborder la question de l’EHPAD au sein de son territoire et de la ville. Éric Chenut a rappelé l’importance de l’utilisation des données : « Pour aider les collectivités dans l’aménagement du territoire, prendre les bonnes décisions au bon moment dans l’aménagement des villes, structurer les politiques publiques, également pour que les acteurs économiques investissent dans des segments utiles, il est essentiel de partager des données, d’avoir des approches territoriales beaucoup plus fouillées qu’actuellement. » Il ne s’agit pas d’utiliser des informations personnelles, mais plus largement de datas, en santé notamment, dans une approche quantitative. « Avoir une gouvernance démocratique et participative de ces données donnerait du crédit à la citoyenneté sociale, tout en permettant enfin de piloter en connaissance de cause, d’anticiper et de se projeter, sans être dépendants d’acteurs qui n’ont ni nos finalités, ni notre culture », assure le Président de la Mutualité Française qui plaide pour la création d’un comité de filière, encore inexistant.

Enfin, Éric Chenut a appelé à renforcer l’innovation. Il a notamment cité le Dispositif Renforcé d’Aide à Domicile (DRAD), expérimenté depuis septembre 2020 par la Mutualité Française, la Croix-Rouge et l’Hospitalité Saint-Thomas de Villeneuve. Le DRAD offre aux personnes âgées l’ensemble des services proposées dans un EHPAD, tout en leur permettant de rester chez elles. Il améliore la coordination entre les professionnels, favorise la coopération entre les EHPAD et les acteurs du soin à domicile, soutient les aidants et sort de leur isolement les personnes âgées.

Visionner notre reportage « Le DRAD : un dispositif pour maintenir les personnes âgées à domicile »

Il a par ailleurs regretté la modestie des moyens engagés par la cinquième branche de l’Assurance maladie consacrée à l’autonomie « Ils ne suffiront pas à solvabiliser l’ensemble du coût des dépenses, notamment pour les familles, a-t-il poursuivi. La Mutualité Française et France Assureurs ont réagi en proposant une couverture complémentaire en dépendance immédiatement opérante par un système par répartition. Collectivement, il faut réfléchir à ce qui peut être réalisé pour nos aînés et accepter de leur allouer davantage de ressources. »

Retrouvez notre article « Dépendance : la Mutualité Française promeut un système de couverture dépendance

 

Corinne Renou-Nativel