La Mutualité Française au cœur de la santé des femmes
Tous les jours, en France, 2 femmes sont victimes d’un accident de la route, 33 femmes décèdent d’un cancer du sein tandis que 200 femmes meurent des maladies cardiovasculaires. Afin de sensibiliser la population à cette réalité, le centre de santé du square de la Mutualité a organisé, le 3 juillet 2025, une journée de dépistage et de prévention des maladies cardiovasculaires avec la fondation Agir pour le Cœur des Femmes.
« Elle n’est pas belle mon artère ? », jubile Mylène[1]. Les résultats de son parcours de dépistage sont excellents. A 78 ans, cette habitante du 5e arrondissement de Paris peut se féliciter. Ses efforts pour rester active et son alimentation équilibrée ont porté leurs fruits. « L’année dernière, ma sœur a fait un malaise cardiaque. Elle s’en est sortie. Mais ça m’a fait l’effet d’un électrochoc. Après des années à m’occuper des autres, j’ai décidé de prendre ma santé en main », admet-elle.
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes en France, devant le cancer du sein. Une femme en meurt toutes les 7 minutes. Pourtant, dans 8 cas sur 10, l’accident cardiovasculaire est évitable !
Face à ce chiffre alarmant, la fondation Agir pour le cœur des femmes s’est fixée pour mission de sauver la vie de 200 000 femmes à cinq ans. Pour cela, elle mène plusieurs actions, dont la « Journée pour le cœur des femmes ». Cette grande opération itinérante d’information, de sensibilisation et de prévention existe depuis 2024. Son objectif : déployer un dispositif de dépistage gratuit, partout en France, et aller à la rencontre des femmes en situation de vulnérabilité.
Le centre de santé du square de la Mutualité a répondu à l’appel à projets de l’Agence régionale de santé (ARS) et a organisé, le 3 juillet 2025, une journée de dépistage des maladies cardiovasculaires et gynécologiques au sein de la mairie du 5e arrondissement de Paris. Si la Fondation a fourni le matériel d’information et de prévention, Camille Koudrine, directrice adjointe du centre de santé du square de la Mutualité a dû mobiliser du personnel et du matériel médical pour le bon déroulement de cette journée. « Il a fallu trouver des professionnels de santé pour nous accompagner : des assistantes, des infirmières, des cardiologues, des gynécologues, des médecins généralistes. On a 60 créneaux ouverts via Doctolib sur la journée donc ça fait 10 personnes à l’heure ! », explique-t-elle.
Un dépistage en six étapes
Le parcours de dépistage se déroule en six étapes pendant environ 1h30. Après une présentation du dispositif, la remise des documents de sensibilisation et d’un livret de dépistage, les patientes bénéficient d’une série d’examens : prises des mesures corporelles (poids, taille, périmètre abdominal, pression artérielle), dépistage métabolique et rénal (prise de sang et analyse d’urine), électrocardiogramme, entretien gynécologique et synthèse du parcours avec un médecin. « Cette journée permet un vrai temps d’échange entre les femmes et chaque professionnel. C’est essentiel car, après 45 ans, les femmes sont moins suivies par un gynécologue et encore moins par un cardiologue », poursuit Camille Koudrine.
Le docteur Bruno Pelletier, cardiologue au centre de santé du square de la Mutualité, s’est impliqué dans l’organisation de cette initiative. Il s’inquiète du peu de connaissances des femmes sur les symptômes des maladies cardiovasculaires. « Les symptômes classiques décrits chez l’homme pour un infarctus, on les connaît bien : ce sont la douleur thoracique, les irradiations dans le bras gauche, les sueurs, les nausées, etc. Chez les femmes, c’est beaucoup plus “bâtard” : ça peut être un essoufflement, une fatigue, une petite douleur… La femme attache beaucoup moins d’importance à la douleur et peut “passer à côté”. C’est tout notre travail aujourd’hui : les amener à consulter pour des symptômes qu’elles auraient négligés », détaille ce médecin.
Par ailleurs, le cardiologue insiste sur les antécédents et facteurs de risque qui doivent être suivis : la ménopause, le cholestérol, l’hypertension, même modérée. « Il faut faire un bilan cardiovasculaire après 45 ans, rester active et faire attention à soi, sans être dans la paranoïa », conseille-t-il.
Pour Aurore Noël, responsable de la prévention et des territoires au sein de la fondation Agir pour le cœur des femmes, cette notion de « prendre soin de soi » est primordiale pour les femmes. De nombreuses études le montrent : les femmes prennent plus souvent soin des autres avant de prendre soin d’elles-mêmes. « Nous formons aussi les hommes et les professionnels de santé pour que les femmes se sentent mieux écoutées et considérées quand elles consultent, précise Aurore Noël. Comme les symptômes ne sont pas les mêmes en fonction des sexes, ils ont tendance à être minimisés et qualifiés de “petits problèmes féminins” alors qu’il peut s’agir de signe d’infarctus notamment. »
Une expérience de santé globale
En parallèle de ce parcours, un « village santé » s’est installé dans la cour de la mairie : dépistage auditif, santé mentale, ateliers d’autopalpation, distribution de kits de dépistage du cancer colorectal mais aussi atelier yoga et cours de nutrition. Camille Koudrine se félicite de la mobilisation de partenaires tels que la Ligue contre le Cancer ou encore les Psy Nomades pour offrir aux femmes cette expérience de santé globale.
Cette année, plus de 50 Journées pour le Cœur des Femmes auront lieu en métropole et en outre-mer au sein d’établissements de santé mais la fondation espère bien atteindre le nombre de 300 opérations dans les cinq ans à venir. Cette journée fait partie d’une large gamme d’actions déployées sur le territoire. Parmi elles, le « Bus du Cœur des Femmes » traverse 16 grandes villes à la rencontre des femmes éloignées pour leur proposer un parcours de soins et leur permettre de se soigner au niveau cardio et gynécologique.
« Si chaque femme qu’on a vue aujourd’hui en parle à dix femmes autour d’elle, c’est comme ça qu’on va pouvoir faire avancer les choses », espère Aurore Noël.
La Mutualité Française mène de nombreuses actions en faveur de la santé au féminin. Ainsi, la Mutualité Française Bretagne a créé et développé l’action « Cœur de femmes » en 2022 qui est déclinée aujourd’hui au niveau national dans les autres unions régionales de la Mutualité.
Du 18 septembre au 16 octobre 2025, la Mutualité Française Auvergne-Rhône-Alpes propose d’ailleurs un cycle prévention composé de cinq webinaires consacré à la prévention des maladies cardiovasculaires chez la femme.
[1] Prénom modifié pour respecter son anonymat
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